Que me dis-tu, mystérieuse sensibilité ?

La sensibilité !

Vaste sujet, qui crée des débats, parfois des discordes.

La mouvance de l’hypersensibilité scinde ou rapproche les individus, parfois pour le meilleur – dans un esprit d’empathie et de compréhension – et parfois pour le pire – dans un esprit communautaire et fermé, ce fameux « nous contre eux ».

Alors que dire de cette sensibilité qui nous traverse, qui nous échappe la plupart du temps, qui se montre aussi discrète qu’une plume qui tombe dans l’eau ou alors qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine ?

Il est des temps où nous aurions besoins de sentir plus pour mieux s’orienter, mieux se positionner ; et il est bien des moments où nous aimerions éteindre ces sensations, ces émotions, ces sentiments qui semblent coller à nos pensées comme une huître à son rocher.

En réalité, dans les deux cas de figure, les sensations que nous pouvons accueillir en nous sont toujours porteuses de message.

« Ne tirez pas sur le messager » dit-on. Ici s’applique le même principe. 

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Ce ne sont pas les sensations, ce ne sont pas les émotions qui sont problématiques ou qui n’œuvrent pas dans notre direction. Mais c’est probablement notre conscient qui ne sait pas encore les décrypter, les comprendre, les écouter avec suffisamment de présence pour savoir qu’en faire.

Car toutes ces informations que les hypersensibles (et les gens sensibles, c’est-à-dire à peu près tout le monde) captent ne sont pas là pour les submerger, les ensevelir d’une inadaptation chronique au monde qui les entoure !

Mais elles sont là justement pour pouvoir mieux les aider, mieux les informer sur ce qui se passe, à la fois autour et en eux-mêmes. Toutes ces indications leur permettent alors de mieux s’orienter, mieux se positionner et trouver une direction la plus appropriée et la plus juste pour eux.

Il me semble important de replacer la sensibilité dans son sens le plus pur : celui du sens justement !

Le sens qui parle de la sensorialité et de ses multiples portes : auditives, visuelles, gustatives, tactiles, olfactives, kinesthésiques (proprioception, thermoception, nociception). N’oublions donc pas que la sensibilité est bien une façon de percevoir le monde qui nous entoure et qui nous habite à l’intérieur. Nous sommes donc loin de l’insulte et, à minima, de la dévalorisation donc certains être sensibles (c’est-à-dire humains, et plus largement vivants) sont victimes.

Le sens qui parle d’une pensée intelligible et compréhensible : la sensorialité nous aide à trouver du sens dans ce qui nous entoure, bien que ce sens reste la plupart du temps subjectif. L’interprétation influence ce décryptage, davantage que des lois physiques et logiques pures.

Le sens qui donne une direction : à nos déplacements, à nos comportements, à nos relations, à nos aspirations, à nos vies. Sans accès à cette richesse, c’est comme marcher sur une seule jambe. On peut le faire pendant un temps mais l’être se fatigue et finit par demander à s’arrêter, de gré ou de force.

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A cela, s’ajoute l’importance de la sensibilité dans sa puissance créative et dans sa force de génération, notamment par toute l’inspiration dont elle nous alimente. Quoi de plus rapide que d’aller puiser dans nos ressentis pour tenter de créer quelque chose, qui intrinsèquement, parlera de nous. 

Dans toute œuvre se cache une part de son créateur. Lorsque celui-ci puise sa production de son monde interne ; ce dernier étant composé d’un panel de sensations, d’émotions et de ressentis ; l’œuvre prend souvent une ampleur plus impressionnante, plus vibrante, plus saisissante. 

D’un point de vue plus psychologique, la sensibilité est celle qui permet de se connecter à ses capacités d’empathie pour mieux comprendre l’autre et ses besoins mais aussi ses réactions. Cette finesse dans nos relations interpersonnelles n’ouvre pas nécessairement à une sur-adaptation, ce dont souffre beaucoup d’hypersensible puisque leur frontière entre l’autre et soi sont souvent trop poreuses.

Elle peut aussi nous faire profiter d’une vue d’ensemble plus globale et plus connectée à ce que nous vivons seul mais aussi collectivement. Et de la, émerge bien souvent la notion d’intelligence émotionnelle et interpersonnelle : savoir naviguer entre Soi et l’Autre.

Naturellement, l’expression et la communication s’en voient alors fluidifiées mais aussi précisées. La nuance est à l’honneur, ce dont la langue française nous comble par sa richesse lexicale et sémantique. La complexité, au sens positif, est aussi à sa place car l’humain est complexe par nature.

 

Rendre à l’humain sa complexité, y compris dans la maitrise d’un langage riche grâce à une conscience fine et tranquillisée de nos sensations et de nos ressentis est, à son tour, une belle ode à l’humanité.

Place à la poésie, elle-même ode à la sensibilité par sa simple existence ! Belle mise en abîme à laquelle je m’essaie ici !

Ô douce sensible,

Tu es là pour ceux qui écoutent,

Et pour ceux qui interprètent.

Tapis au creux de nos corps,

Tu restes éveillée même quand nous dormons les yeux fermés.

 

Mère de création,

Tu nous enivres de tes volutes,

Comme tu nous ensevelies de tes peines.

Tout cela pour nous inspirer

À dépasser nos consciences étriquées.

 

Si on ose t’oublier,

Tu finiras par te rappeler à nous.

Peut-être violemment,

Car l’inexistence n’est pas ton crédo,

Toi, murmure éternel de notre humanité.

 

 

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