Liberté, quand tu nous glisses entre les doigts

Non, je ne parlerais pas du couvre feu. Ni du confinement passé. Ni du flou artistique qui entoure cette période historique si particulière.

Il s’agit ici de liberté dans son essence la plus profonde, celle qui ne concerne que l’être authentique et qui ne peut se décider qu’à l’intérieur de soi, peu importe les bouleversements ou remous extérieurs.

Le choix se retrouve alors au cœur de la question, au centre de l’attention et souvent, en première ligne d’un conflit qui fait rage dans votre tête. Que faire ? Est-ce la bonne solution ? Vais-je le regretter ? Comment savoir quoi faire ?

De Javier Allegue Barros

Et là, les pensées s’emballent bien vite, votre rationnel prend les rênes comme si c’était forcément sa juste place et ce, bien souvent sans demander au reste de votre système corps/esprit si c’est ok. Elles peuvent autant avoir une force de travail et de réflexion impressionnantes, autant elles peuvent aussi freiner le processus décisionnel quand ça part dans tous les sens, qu’on se perd dans des détails et qu’on en oublie ce qui importe vraiment.

Le capharnaüm des pensées bloque alors l’accès à votre intuition, celle-là même que certains scientifiques ont en horreur car il est vrai, elle peut aussi nous induire en erreur. Sauf que ce qui importe est d’utiliser le bon outil au bon moment.

Il est totalement vrai que si vous tentez de mettre à profit votre intuition pour découvrir des savoirs dits durs, comme des théorèmes mathématiques ou des lois physiques établis sans connaissances préalables, votre intuition aura une chance sur deux de vous tromper. Pas parce qu’elle n’est pas performante, mais parce que ce n’est tout simplement pas son job ! C’est comme si vous demandiez à un peintre de réparer un Airbus. Je ne le ferais pas à votre place, à bon entendeur !

En revanche, là où l’intuition à toute sa place est celle où elle peut prendre le rôle de guide, de lanterne à suivre quand il s’agit de trouver des réponses aux questions ouvertes, surtout celles existentielles qui nous mènent plus ou moins sans encombre sur notre chemin de vie. Parce que celui-ci est par nature mystérieux, voire méandreux, il nous est impossible d’en connaître les tenants et aboutissants en amont. Et tant mieux, car ce serait probablement ennuyeux de tout savoir à l’avance. Mais cela veut aussi dire que nous ne pouvons pas décemment prendre une décision purement rationnelle sur le sujet, tout simplement parce que nous ne disposons pas des informations adéquates pour se prévaloir de fondements décisionnels solides !

Alors comment faire me direz-vous ? Plongeons un peu dans ce système corps/esprit pour commencer à y voir plus clair. Ce corps n’est pas optionnel, facultatif ou négligeable dans l’équation. Il est même la clef de voûte de bien des situations. Et nous y avons tous accès, à n’importe quel moment, dans n’importe quelle situation. En réalité, bien des réponses sont déjà disponibles, prêtes à être écoutées, recueillies dans la plus belle simplicité qu’il soit. Ce sont les signaux corporels, les sensations physiques externes et internes, les mouvements émotionnels qui nous traversent des pieds à la tête, et parfois les maux qui nous dérangent, qui nous envoient inlassablement tous ces précieux messages ! Parce que le corps ne se détourne jamais de sa mission : celle de nous accompagner dans notre trajectoire, de nous orienter du mieux qu’il peut, quitte à nous alarmer par ces bobos plus ou moins gros quand le message ne passe pas suffisamment bien. Son intention n’est que de permettre à notre esprit alors réceptif de retrouver l’homéostasie dont nous avons tous besoins pour stabiliser nos besoins et aller plus loin dans nos envies.

D’Alexander Krivitskiy

Liberté veut donc dire choix mais surtout conscience que ce choix est un vrai choix. Nous nous retrouvons bien trop souvent dans une illusion où nous nous persuadons nous-même que notre décision est le fruit d’une réflexion aboutie, d’un long travail de pesée du pour et du contre, de rationalité légitime, d’autant plus que cet aspect est grandement valorisé par la culture et la société environnante. Tout ce qui sort du rationnel pur a tendance à faire peur. Alors que c’est bien souvent la peur de l’inconnu qui est sur le devant de la scène, plus que la peur de la décision en question. Choisir par dépit, par défaut, par peur, par limitation ou par contrainte n’est pas l’expression pure de la liberté. Cela ne veut pas non plus dire de faire tout ce que vous voulez au moment où vous le voulez sans se soucier des normes qui régissent votre monde et dans lequel vous évoluer de fait, que vous le vouliez ou non. Tout est aussi dans la mesure. Mais on peut tenter de se rapprocher de la liberté à travers le concept de libre arbitre.

Concept un peu fourre tout, j’en conviens mais qui prend sens quand on le replace à l’échelle individuelle notamment. Souvent, plusieurs chemins s’ouvrent à vous et vous sentez qu’ils peuvent vous mener vers des trajectoires de vie bien différentes. Qu’il s’agisse de vous engager dans une relation, de replonger dans votre addiction, de vous investir dans un mode de vie plus sain ou de vous lancer dans un changement de carrière professionnelle, toutes ces trajectoires vont faire apparaître des avantages et des inconvénients, des gains et des pertes quel que soit celui que vous emprunterez. Alors il ne s’agit pas tant de se demander ce que vous ne voulez pas perdre mais plutôt ce que vous souhaitez créer autour de vous. Car les pertes font mal mais passent, l’être humain est profondément résilient et les gains qu’il obtient, selon leur nature et leur valeur par rapport aux pertes, l’aident considérablement dans ce processus de détachement de l’ancienne situation.

Mais là aussi, tous les chemins, même ceux qui ne paraissent pas bénéfiques ont quelque chose à nous apprendre. Certains chemins sont juste plus douloureux que d’autre dans leur méthode d’apprentissage. Dans tous les cas, nous restons responsable des décisions d’orientation que l’on fait. Il paraît que tous les chemins mènent à Rome, qu’il soit caillouteux, boueux ou bien entretenus.

Alors évaluez vos options avec la même vision, tous les chemins sont à regarder avec lucidité. Ressentez ce que votre corps vous dit, vous crie parfois. Est-ce qu’il vous exhorte à vous lancer dans cette voie ou est-ce que vous le sentez frileux voire carrément réfractaire ? Écoutez sa sagesse, n’essayez pas de le comprendre tout le temps et apprenez à lui faire confiance. L’expérience vous prouvera qu’il ne dit pas trop de bêtises !

A ce stade, vous êtes prêt à choisir en toute conscience. Un vrai choix éclairé et assumé qui vous demandera peut-être des actions lourdes de sens voire douloureuses à mettre en œuvre mais qui vous rapprochera de votre chemin de vie, ce fameux chemin dont personne ne sait vraiment vers quoi il mène mais que nous tentons tous de suivre plus ou moins à tâtons.

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