Question d’ego

Ego_ampro_awardsAujourd’hui, place à l’ego. Souvent décrié comme nous rendant inaccessible à notre être intérieur, l’ego fait débat autant dans sa réalité que dans sa fonction.

L’ego est avant tout un terme philosophique qui semble être apparu autour de 1886 et désigne à proprement parlé « le je ». Tantôt “celui qui pense” de Descartes, tantôt dénué de conscience de Platon en passant par l’ego transcendantal fait de conscience pure de Husserl, l’ego n’est pas aisé à définir. Plus tard, c’est la psychanalyse qui reprendra ce concept en le modélisant comme entité liant l’extérieur à l’intérieur avec une fonction de régulation et d’adaptation de l’individu au monde qui l’entoure.

Dans la tendance actuelle, nous retrouvons la pensée spirituelle de l’ego qui lui assigne une fausseté des perceptions et une mauvaise connaissance de Soi. Pure illusion, il nous empêcherait de nous connecter à notre essence et de dépasser une existence individuelle et nombriliste pour aller vers le sacré et l’universel incarnés par chacun de nous.

Là où la personnalité ferait office de traduction de l’ego et du Moi (souvent confondus), le Soi permettrait de nous élever au-delà en nous déliant des souffrances engendrées par ces premiers. Dans cette continuité, le bouddhisme comprend l’ego comme une abstraction purement mentale qui ne correspond à aucune réalité manifeste, ni corporelle ni psychique. Ainsi, l’objectif serait de se libérer de ce carcan qui ramène l’individu au centre de tout en le faisant souffrir.

Au niveau des chakras, l’ego correspond au chakra 3 ou Manipura qui se situe au niveau du plexus solaire. Il permettrait la construction de l’identité dans la définition du moi et de l’autonomisation. Cette force engendrait le pouvoir, non au sens d’une lutte quelconque mais d’une réalisation d’un potentiel autorisée par un équilibre de confiance, de sensibilité et de spontanéité. Ici, l’ego peut autant être sur développé que sous développé. Tout est donc dans l’équilibre et un “bon ego” existerait bien tant qu’il est suffisamment “sain”.EGO sculpture

Alors que faire ? Qui croire ?

Pas de réponse toute faite ici, seulement une invitation à suivre son cœur, sa tête et son corps. Une invitation aussi à penser les raisons de nos orientations et de nos croyances pour mettre à jour les fausses convictions qui fondent parfois des bâtisses de souffrance.

Lorsque la centration sur soi devient source de souffrance, il peut être bon de prendre du recul ainsi que le temps nécessaire à un état des lieux de notre fonctionnement. Sommes-nous à l’aise avec ça ? Trouvons-nous cela gênant ? Est-ce que ce fonctionnement ne nous isole pas par moment ? Exemple d’une petite manie qui met à jour l’ego : chercher directement notre visage dans une photo, voire zoomer dessus, parfois sans même regarder les autres !

Bien souvent, un ego sur dimensionné s’exprimera en contrecoup d’un sentiment de manque de reconnaissance et/ou d’impuissance. Pour contrer ces affects négatifs, nous aurions tendance à nous accrocher aux manifestations de pouvoir et de contrôle que nous trouvons dans notre quotidien. Cela peut passer autant par un surinvestissement de notre travail ou de notre corps, une hyperactivité quotidienne ou encore un sentiment de stress permanent qui nous pousse encore plus loin sans écouter les signaux de fatigue éventuels de notre corps. La solidité dont nous avons besoin s’exprime par une rigidité de notre fonctionnement, ce qui est en réalité une solidité factice puisque face à des imprévus, notre manque de souplesse ne nous permet pas de nous adapter mais nous replonge dans la fuite, la peur ou la rage.

121HUn ego sous dimensionné est une autre réponse aux problématiques de reconnaissance et d’impuissance mais s’exprimera par un manque de vitalité, de dynamisme et de spontanéité. Tout fonctionnant au ralenti, nous perdons littéralement de l’énergie dans une sorte de repli et de retrait de l’action. C’est donc l’évitement qui prime et non la compensation excessive des besoins de base. La comparaison aux autres amène la honte et la dépréciation, ce qui à son tour, peut engendrer une problématique dépressive dans cet environnement si propice au désinvestissement du monde, voire de soi-même. Le manque de volonté (au sens de l’élan vital) et de confiance appelle la passivité qui finit par étouffer l’individu dans un « faire plaisir » plutôt qu’un « être soi ».

Lorsque cet ego mal équilibré s’associe à une haute valeur personnelle (ce qu’on pourrait appelé ici un fort narcissisme), cela peut engendrer, de par son décalage et son manque d’ajustement, une grande souffrance voire des affects dépressifs intenses. Un « recalibrage des données » semble donc nécessaire pour refaire coïncider ces deux variables et retrouver une paix intérieure.

Ainsi, entre spiritualité, philosophie et psychologie, la question de l’ego est passionnante et reste à réfléchir mais surtout à expérimenter (dans le corps et la tête, dans les émotions et les sentiments).

Et vous ?

Que pensez-vous de votre ego ? En avez-vous une vision plutôt limitante ou essentielle ? Comment gérez-vous votre égo au quotidien ?

Source : Cnrtl.fr – Larousse.fr – Bimestriel Cerveau & Conscience n°2 – Anodea, J. (2004) Eastern body and western mind. Psychology and the Chakra system as a path to the Self. New York : Celestia Arts.

Cette publication a un commentaire

  1. François

    La lecture de cet article me fait penser à une citation de Jean-Jacques Rousseau qui différencie Amour-propre et Amour de soi :

    “Il ne faut pas confondre l’amour-propre et l’amour de soi-même, deux passions très différentes par leur nature et par leurs effets. L’amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation, et qui, dirigé dans l’homme par la raison et modifié par la pitié, produit l’humanité et la vertu. L’amour-propre n’est qu’un sentiment relatif, factice, et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement, et qui est la véritable source de l’honneur.”

    Have a nice day !

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