Se trouver dans la relation

Lorsque le lien à l’autre n’est pas confortable, que des discordances apparaissent au point de ne plus savoir qui nous sommes dans ce méli-mélo de relations plus ou moins authentiques, il est alors temps de se poser pour comprendre ce qui se joue et enfin pouvoir dénouer le nœud qui nous entrave un peu plus à chaque répétition. Quelles interactions se mettent en place de notre côté et qu’appelle-t-on chez l’autre pour recréer sans cesse le même jeu relationnel qui débouche sur la même issue inéluctable ?155h

Nous plaçons nous en victime, en sauveteur ou en persécuteur ? (Cf. Analyse transactionnelle de E. Berne) Quelle dynamique mettons nous en place ? Y a-t-il des inversions de rôle à un moment donné ? Y a-t-il de la manipulation ou de la soumission ? 

Une fois ces questions posées, il nous reste à en comprendre le sens. Pourquoi ai-je besoin de manipuler ou de me soumettre ? Qu’est ce que j’attends comme réaction de la part de l’autre et qu’est ce que je récolte de cette interaction (reconnaissance, validation, estime, idéalisation, amour, rejet, agressivité, exclusion) ? Les “bénéfices secondaires” dont on entend souvent parler ne sont pas nécessairement positifs. Les attitudes répulsives de la part de l’autre peuvent faire partie des effets attendus (souvent inconsciemment) car l’enfant qui réside en nous a appris qu’il vaut mieux susciter des réactions négatives plutôt que pas de réactions du tout au risque de sombrer dans l’oubli et l’inexistence. L’humain est un être social, il se construit donc en miroir de ce que l’autre lui renvoie et de ce qu’il suscite chez l’autre. L’enfant explore cela en testant les limites avec ses parents puis avec ses pairs en se réajustant petit à petit au gré de ses expériences plus ou moins fructueuses pour lui. 

Et de là, nous arrivons à envisager le cœur du système : les relations d’objets internes (ROI ou Modèle interne opérant). Liées à la théorie de l’attachement, elles structurent la notion qui nous permettent d’approcher de manière concrète comment nous percevons l’autre et nous-mêmes selon une bipolarité qui peut se combiner. Ainsi, l’autre peut être perçu positivement comme nous-mêmes, ce qui donnera une assise confortable et solide pour profiter de la vie et affronter les soucis du quotidien avec sérénité. L’autre peut être perçu négativement alors que l’on se perçoit positivement ou bien l’autre peut être perçu miroir-peinturepositivement alors que nous nous percevons négativement. Dans ces deux cas, il se crée un décalage entre la vision interne et externe, nous essayons d’attribuer la responsabilité de ce qu’il nous arrive à une seule et même personne (quitte à ce que ça soit nous ou l’autre de manière systématique). Enfin, l’autre peut être perçu négativement comme notre propre vision personnelle ce qui crée une grande souffrance interne avec une difficulté de fonctionnement à différents niveaux (professionnel, social, privé, etc).

Si on veut aller plus loin, on peut aussi se demander ce qui a causé cette construction singulière et toujours unique de perception personnelle du monde et de notre position dans cet ensemble plus vaste. 

Mais pour rétablir une situation plus stable et surtout plus confortable, il est important, voire essentiel, de pouvoir vivre dans un lien thérapeutique (sécurisant et créateur), une expérience de confiance, de validation, de renarcissisation, de maternage (dans le sens du “holding”, se laisser porter et voir ses besoins respectés et satisfaits dans le lien par l’autre sans être en danger). Tout cela menant à un processus d’autonomisation dans le sens où la personne puise la source d’énergie suffisante dans ce que l’autre lui apporte de bienveillant et de satisfaisant pour enfin se le donner par soi-même. Cela ne veut pas dire se passer de l’autre pour vivre en autarcie mais cela signifie ne plus se placer dans une situation de dépendance (car l’emprise est aussi une forme de dépendance !) qui empêche de s’épanouir individuellement tout en partageant à deux cette force et cette énergie personnelle. Celle-ci peut ensuite être mise au service du duo mais uniquement si elle garde une source de régénération pour chacun. Cela évite l’aliénation dans le lien : rester soi pour en faire profiter l’autre et jouir de sa présence, pas de son essence.

Cette publication a un commentaire

  1. caroline

    Merci pour cet article particulièrement intéressant et les liens éclairants qui s’y rattachent.

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