Archive du 8 Juin 2015
Le point de départ :
Parfois, le doute s’installe quand ce n’est pas une conviction intime d’être responsable de tous les malheurs du monde, de ceux des autres comme des nôtres. A l’inverse, on pense parfois que ce sont les autres la source de nos soucis.
Dans tous les cas, la responsabilisé est distordue, déplacée, amplifiée ou exacerbée. Ces déformations sont généralement source de souffrance : sentiment d’impuissance, de poids accablant ou encore de culpabilité.
Causes (non exhaustives)
Ce genre de situation survient lorsque nous sommes tellement impliqués dans une situation que plus aucune prise de recul n’est possible. On retrouve aussi ce genre de positionnement en cas de trauma passé.
Lorsque nous nous attribuons spontanément la responsabilité de ce qui se passe autour de nous, nous tentons de répondre à des exigences inatteignables, de satisfaire le plus grand nombre en oubliant vite nos propres désirs et besoins. Il y a de fortes chances que nous ayons eu à prendre en charge plus que ce qu’il nous était possible de gérer en tant qu’enfant.
Lorsque nous attribuons toutes responsabilités aux autres, nous externalisons le problème, le rendant étranger à notre contrôle tout en rejetant le rôle que nous y avons joué. Peut être avons nous construit précocement une image de l’autre plutôt négative sans pouvoir nous différencier suffisamment.
Un peu de théorie
On parle souvent de « l’art de déléguer ». Cette capacité à donner une partie ou la totale responsabilité d’une situation à quelqu’un est effectivement quelque chose qui s’apprend, comme la technique artistique.
L’enfant (être dépendant) « délègue » d’abord tous les aspects de sa survie à ses parents. Si ces derniers se montrent insuffisamment présent et comblant, l’enfant considérera l’autre comme mauvais ou bien s‘attribuera toute la responsabilité de sa survie, en fonction de son stade développemental. Dans le dernier cas, il sera chargé de trop grande responsabilité et gardera probablement ce modèle de fonctionnement ultérieurement. S’il considère l’autre comme mauvais et potentiellement dangereux, il risque de lui attribuer toutes responsabilités. A nouveau, il gardera vraisemblablement cette vision de l’autre dans sa vie adulte.
Le fait de pouvoir conserver et assumer une partie de notre responsabilité est aussi quelque chose qui demande un apprentissage.
Cette contenance est en lien avec la construction de nos limites et de nos frontières. Traduction : la capacité à se différencier de l’autre comme être à part entière nous permet d’instaurer une juste distance dans la relation. De cette différenciation, nous pouvons ensuite distinguer ce qui nous appartient de ce qui appartient à l’autre, y compris la responsabilité !
La question du trauma dans cette thématique est un aspect complexe de cette problématique, elle fera donc l’objet d’une autre publication.
Et après ?
Le sentiment de culpabilité ou d’impuissance face aux autres ou à soi-même nécessite généralement l’aide d’un professionnel formé à ce genre de situation. Du fait de leur ancrage souvent précoce ou complexe dans l’histoire de la personne, il est difficile d’entamer un processus thérapeutique « auto-didacte » en toute sécurité. Il est vrai que le chemin vers la guérison peut comporter des périodes de mal être exacerbé par le traitement d’éléments douloureux. Etre accompagné et étayé par un professionnel est donc quasi incontournable.
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